28 août 2019
Longtemps, le plan de réseau a été l’une des seules sources d’information pour les utilisateurs des transports en commun.
Aujourd’hui, une multitude de supports sont proposés aux usagers et les nouvelles technologies ont un réel impact sur l’information voyageur.
Le plan de réseau est-il devenu obsolète ? A-t-il toujours sa place dans l’écosystème de l’information dispensée aux voyageurs ? Quel est son rôle ?
Notre point de vue de cartographes qui accompagnons les réseaux de transport depuis plus de 20 ans…
Sommaire
L’information voyageur a pour objectif de faciliter à tous l’accès et l’utilisation des transports en commun.
Selon le type d’information apportée, il convient de choisir le canal ou le support approprié.
Les messages d’information voyageur peuvent ainsi prendre différentes formes :
Pour renforcer l’attractivité de leur réseau, les opérateurs de transport doivent informer et guider efficacement les voyageurs. La qualité de l’information dispensée aux usagers est donc primordiale.
Il y a une vingtaine d’années, le plan de réseau était l’une des seules représentations existantes de l’offre de transport d’un territoire. Il constituait une source d’information quasi unique pour les utilisateurs des transports en commun.
Pour apporter une vision fidèle de la desserte, les plans étaient la plupart du temps géographiques. De plus, devaient y figurer tous les renseignements nécessaires aux déplacements et à la compréhension du réseau.
Au fil des années, constatant que les voyageurs avaient de plus en plus d’appréhension ou de difficulté à lire un plan, nous avons été amenés à travailler sur deux axes principaux :
Le plan de réseau global a ainsi été décliné en nouveaux produits qui permettent de simplifier la compréhension de l’offre : plans de lignes, plans de pôles, etc.
Ces images, bien plus faciles à appréhender et plus esthétiques, se sont avérées également plus adaptées à la compréhension du réseau.
Aujourd’hui, la question de l’utilité du plan de réseau transport se pose.
Il est indéniable qu’une partie des voyageurs utilisent désormais principalement des solutions digitales comme les calculateurs d’itinéraires pour prévoir leurs déplacements.
Ils disposent par ailleurs d’outils plus appropriés que le plan de réseau pour trouver l’information selon la situation où ils se trouvent (plan de quartier, plan 3D, fiches horaires au poteau, etc.).
Suppléé par de nouvelles représentations et challengé par les nouveaux outils numériques, le plan de réseau transport semble être devenu obsolète pour un grand nombre d’utilisateurs.
Néanmoins, nous nous apercevons que la représentation globale apportée par le plan de réseau joue toujours un rôle très important, et cela à plusieurs égards :
Face à ces constats, il semble nécessaire d’intégrer désormais ces deux principes :
Il est donc indéniable que le plan de réseau a toujours son importance. La question est alors de savoir comment le faire évoluer pour qu’il réponde au mieux aux besoins de chacun et qu’il reste un outil attractif.
Nous travaillons avec le réseau de transport de Bordeaux depuis plus de 20 ans. Le plan a évolué à plusieurs reprises. Il a connu différentes formes et représentations au gré des évolutions de l’offre, avec l’ambition d’être toujours plus adapté aux clients.
Retour d’expérience…
Nous avons commencé à travailler avec le réseau de Bordeaux en 1998. Initialement, le plan avait été créé en représentation géographique avec anamorphose.
L’arrivée du tramway entre 2004 et 2009 a entraîné une nouvelle configuration de la desserte. Le tram est devenu la colonne vertébrale du réseau, offrant un maillage à l’échelle de l’agglomération. Ces changements ont révolutionné les habitudes des voyageurs.
Pour communiquer et mettre en valeur cette nouvelle configuration, une réflexion a été menée sur la manière de représenter le réseau. Il fallait marketer différemment l’offre de transport. Cela devait passer nécessairement par un nouveau traitement du plan de réseau.
Ainsi, pour s’adapter à la nouvelle offre, le plan a été redimensionné et l’anamorphose a disparu, dans une volonté de visualiser le territoire dans son ensemble et de pouvoir évaluer les distances.
Le plan de réseau TBC de 2005 intègre l’anamorphose réalisée initialement en 1998 pour répondre aux contraintes éditoriales (dimensions du plan vs étendue géographique de l’agglomération).
Cependant, l’arrivée du tram en 2005 a pour effet de complexifier l’image par une densification du centre urbain.
De plus, l’anamorphose utilisée engendre des déformations en périphérie et fausse les distances réelles. Elle est donc abandonnée en 2007.
En 2007, le plan de réseau devient entièrement géographique. L’anamorphose est supprimée pour éviter toute déformation du territoire.
Une nouvelle échelle est choisie pour adapter la cartographie aux dimensions du territoire et au support d’affichage.
On constate ici un effet de densité liée à une quantité d’informations trop importante pour l’échelle utilisée.
Conséquence : la lecture du plan requiert un effort particulier.
Ce troisième plan est une proposition alternative à la représentation géographique d’un réseau. Il est à mi-chemin entre un pur géographique et un schématique.
Ce procédé permet de simplifier le rendu et de pallier l’effet d’engorgement qui peut être ressenti dans les territoires denses comme le centre ville.
Cette proposition intermédiaire a l’avantage d’amener les lecteurs à se familiariser et à accepter progressivement un type de cartographie qui s’éloigne de la réalité géographique mais qui améliore la qualité de l’information voyageur.
Ce quatrième plan a été réalisé dans un contexte de changement de charte signalétique demandé par l’autorité organisatrice de transport (AOT). Nous avons donc été amenés à réinterpréter cette charte dans le cadre de l’application cartographique.
Dans cette nouvelle représentation, on n’attribue plus une couleur par ligne, mais une couleur par type d’offre.
De conception schématique, ce plan permet de rééquilibrer l’image et son esthétique pour en optimiser la lecture.
On aboutit ici à un plan plus institutionnel qui donne une identité au réseau.
Ce document ne sera pas utilisé pour calculer son itinéraire ou envisager un déplacement. Sa vocation est de montrer l’offre existante et la rendre attractive.
Même si le plan de réseau transport s’intègre dans une gamme plus large d’outils d’information voyageur, il n’est pas pour autant obsolète.
Le plan global est le seul document qui porte l’identité du réseau. Il permet de visualiser le maillage d’un territoire et l’étendue de la desserte à disposition des clients ou des administrés. Il contribue à montrer la richesse d’un territoire et à le rendre attractif à travers son offre de transport.
Notre expérience de plus de 20 ans dans l’information voyageur nous a cependant convaincus d’une chose : un plan de réseau ne peut pas être figé dans le temps. Il doit suivre l’évolution des usages, s’adapter à la dynamique des besoins et répondre à des objectifs en constante mutation.
L’évolution du plan de réseau de Bordeaux montre que le design est un levier majeur pour simplifier et rendre plus accessible le message qu’un plan est sensé porter.
Notre démarche consiste à accompagner les opérateurs ou les élus en recherche des bonnes pratiques pour rendre plus efficiente et plus fluide leur communication cartographique.
À travers différentes approches comme le conseil ou l’audit, nous préconisons les solutions les plus adaptées aux différents territoires.
Vous vous posez des questions sur la représentation cartographique de votre réseau ? N’hésitez pas à nous solliciter !
Amandine G., promotion mobilités & information voyageur
Crédit photos : Stéphane DUBOIS
D’AUTRES ARTICLES POUR ALLER PLUS LOIN…
Bonjour est-il possible d’obtenir un plan complet du réseau TBM exploitable.
Car je ne connais pas Bordeaux et ses environs.
Merci